
22 Sep LES SPM, LA DOULEUR ET LE MOUVEMENT DES ÉMOTIONS
Si on se ferme aux inévitables mouvements de destruction et aux émotions difficiles qui les accompagnent, on reste figé dans un bien-être de surface qu’on ne peut même pas apprécier, sentant sa fragilité et la détresse refoulée qui bouillonnent en dessous et qui menacent constamment d’éclater.
Marie-Pier Charron
Hier, j’ai vécu une expérience intéressante. Je me sentais irritable, fatiguée et de mauvaise humeur. J’avais récemment vécu des événements qui m’avaient fait ressentir de la déception, un deuil, de la tristesse et de la frustration, et toutes ces émotions mijotaient en moi, sous la surface, depuis quelques jours. J’avais une bonne raison d’être triste et irritable, même si mes règles ne devaient pas arriver avant quelques jours.
Notre cycle menstruel, tout comme les quatre saisons, comporte quatre phases : menstruelle, folliculaire, ovulatoire et lutéale. Chaque phase apporte une énergie différente.
La phase lutéale, juste avant notre flux menstruel, est une période de marée basse dans notre cycle. Les émotions douloureuses et les problèmes qui nous mettent mal à l’aise, que nous avons cachés ou refoulés dans les profondeurs de notre inconscient, sont comme des objets décolorés, du bois flotté, des carcasses et des coquillages coupants qui envahissent la plage…
Donc hier, j’ai commencé mon cycle menstruel, épuisée après une nuit d’insomnie et me sentant déprimée. Cette fois, plutôt que de me forcer à résister à la fatigue, j’ai écouté mon corps. J’ai ressenti l’envie de me « décharger » – un processus où on fait bouger les émotions dans le corps. Je suis donc allée dans mon sanctuaire, j’ai pris une douillette et j’ai étendu quelques couvertures sur le plancher. J’ai mis ma musique de « décharge » et j’ai simplement permis aux émotions qui étaient en moi de s’exprimer, en laissant mon corps bouger comme il en avait envie. J’ai crié et sangloté ma tristesse, mon angoisse, mon découragement, mon deuil. J’ai utilisé beaucoup de mouchoirs. J’ai hurlé des parties de chansons, j’ai tapé du pied, j’ai dansé intensément dans toutes les directions.
Et après avoir fait tout ça, j’ai pris cette énergie et je l’ai métamorphosée. Mes mouvements sont lentement passés de gestes sombres, bas et tumultueux à la puissance affirmative de la vie qui dit « Je suis une femme, ne viens pas m’embêter », puis à la sensualité et à la sérénité. J’ai senti un grand changement dans mon énergie. J’ai terminé le processus après environ une heure, me sentant calme, légère et centrée.
Oui, il peut sembler fou de se « décharger »; l’esprit croit certainement que ça l’est, parce que ce processus se produit dans le corps. Tout cela concerne des sentiments et des émotions que l’esprit peut très souvent ne pas comprendre. Mais c’est un outil puissant pour prendre soin de soi. Je n’ai fait de mal à personne. J’ai simplement « tout laissé sortir » dans un environnement sécuritaire. J’ai fait ce processus seule et avec d’autres femmes – et la présence et l’énergie des autres peuvent être vraiment inspirantes.
Et pour couronner le tout, j’ai remarqué ce qui pourrait très bien être un effet secondaire surprenant. Généralement, durant le premier jour ou les deux premiers jours de mon cycle menstruel, j’ai des crampes très douloureuses, au point d’avoir des nausées si je ne prends pas quelque chose contre la douleur. Cette fois, je n’ai pas eu de crampes! C’est très intéressant.
Je pourrais faire du processus de décharge une partie régulière de ma routine de soin de moi le premier jour de mon cycle. C’est certainement un outil très important pour l’alchimie de la déesse. En tant que déesses, nous avons besoin de ressentir nos émotions, de les faire bouger dans notre corps et d’utiliser cette énergie pour des actions transformatrices.
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